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Sénégal: Macky Sall reporte les élections, des heurts éclatent

A quelques heures de l’ouverture officielle de la campagne électorale pour la présidentielle du 25 février, le chef de l’Etat a annoncé le report sine die du scrutin.

Peu après l’annonce du report sine die de l’élection présidentielle au Sénégal, prévue initialement le 25 février, Khalifa Sall, un des candidats de l’opposition, a appelé samedi 3 février tout le pays à «se lever» contre le report du scrutin décrété par le chef de l’Etat Macky Sall. La crise politique est désormais ouverte.
 «Tout le Sénégal doit se lever. Toutes les forces politiques démocratiques et de la société civile devraient s’unir pour que ce projet n’aboutisse pas», a déclaré l’ancien maire de Dakar, lors d’une conférence de presse. Auparavant, le ministre secrétaire général du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly, avait déjà annoncé sa démission.

Macky Sall, le président élu en 2012 et réélu en 2019, a suscité la stupeur en annonçant ce report dans une brève intervention à la télévision nationale, quelques heures seulement avant l’ouverture officielle de la campagne ce dimanche 4 février. C’est la première fois depuis 1963 qu’une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal, un pays où plusieurs alternances politiques ont eu lieu au fil des décennies, sans accroc majeur, malgré quelques poussées de fièvre.

« Notre pays est confronté depuis quelques jours à un différend entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, en conflit ouvert sur fond d’une supposée affaire de corruption de juges », a expliqué le président Macky Sall, qui a annoncé publiquement qu’il ne se représenterait pas. Le chef de l’État a ajouté que le Sénégal ne pouvait « se permettre une nouvelle crise » après des troubles meurtriers en mars 2021 et juin 2023 et a annoncé « un dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive ».

Cet ajournement est annoncé sur fond de conflit entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, qui a validé en janvier vingt candidatures, un record. L’élection s’annonçait dans un climat politique très tendu. Le Conseil constitutionnel a en effet exclu du scrutin des dizaines de prétendants. Parmi eux, deux ténors de l’opposition : le candidat antisystème Ousmane Sonko, en prison depuis juillet 2023, notamment pour appel à l’insurrection et disqualifié par le Conseil à la suite d’une condamnation pour diffamation dans un dossier distinct, et Karim Wade, ministre et fils de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012).

Karim Wade, 55 ans, né en France d’un père sénégalais et d’une mère d’origine française, a été exclu du scrutin à cause de sa double nationalité sénégalaise et française, selon le Conseil constitutionnel. Une autre candidate, Rose Wardini, a été placée vendredi soir en garde à vue par la Division des investigations criminelles (Dic, police judiciaire) pour « faux et usage de faux et escroquerie au jugement », a indiqué à l’AFP une source policière. Gynécologue et actrice de la société civile, elle aurait été interpellée dans le cadre d’une enquête sur sa nationalité franco-sénégalaise présumée, selon cette même source. Tout candidat à la présidence « doit être exclusivement de nationalité sénégalaise », dit la Constitution. Le cas de cette candidate a été évoqué samedi par le président Sall comme un élément de la décision de report.

 

 

BledNews/AFP

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