
Les envois de devises des MRE vers le Maroc se sont établis à 65 milliards de dirhams à fin 2018. Ceux en provenance d’Europe, principale terre d’accueil de la communauté marocaine, baissent alors que ceux des pays du Golfe explosent, allant jusqu’à quadrupler pour certains pays.
C’est une véritable transformation qu’a subi l’évolution des transferts des MRE au cours de la dernière décennie, transferts capitaux pour maintenir les équilibres macro-économiques du pays et soutien primordial de centaines de milliers de familles. Alors que les transferts en provenance des pays traditionnels européens ont baissé, ceux en provenance des pays du Golfe sont multipliés par trois voire quatre. Il existe toutefois quelques exceptions comme la Belgique ou l’Allemagne dont les transferts vers le Maroc affichent des scores positifs. Les USA sont également sur un trend positif.
La France reste le premier pourvoyeur de devises de MRE. En 2018, les transferts en provenance de l’Hexagone ont été de 23,016 milliards de dirhams. Normal, lorsque l’on sait que la communauté de Marocains établie en France est la plus importante au monde avec 1,5 millions de personnes. Si l’on prend comme année de référence 2007, soit une décennie auparavant, la baisse a été de 1,4%, ce qui reste supportable comparativement aux transferts d’autres pays européens dont les variations ont été nettement plus importantes. C’est le cas de l’Espagne dont les transferts de MRE ont chuté de 34% passant de 8,5 à 6,4 milliards de dirhams. La crise économique au sein des pays d’accueil est la cause principale de cette baisse. L’Italie est elle aussi en baisse, quoique moins importante. De 2007 à 2018, les transferts de devises en provenance d’Italie sont passés de 8,5 à 6,4 milliards de dirhams.
Deux autres pays ont accusé des chutes au cours de cette même période. Il s’agit du Royaume-Uni dont les transferts sont passés de 2,112 milliards de dirhams à 1,67 milliard accusant une baisse de 20,9% et des Pays-Bas dont les transferts se sont établis à 2 milliards de dirhams à fin 2018 contre 2,3 en 2007.
Les exceptions en Europe restent l’Allemagne (2,472 milliards à fin 2018 contre 1,850 en 2007) et la Belgique (3,358 milliards de dirhams contre 2,293). La population marocaine dans ces deux derniers pays est essentiellement originaire du Rif du Maroc.
C’est l’extraordinaire hausse des envois en provenance d’Arabie saoudite et des Emirats Arabes Unis qui a permis d’atteindre le chiffre de 65 milliards de dirhams à fin 2018 et de parler d’augmentation des transferts MRE. L’Europe accuse des baisses dues essentiellement à la crise économique et à l’instabilité des emplois occupés par les Marocains.
Les pays du Golfe ne sont pas concernés par ces donnes. L’émigration vers ces destinations reste très récente et d’une toute autre nature.
Les envois en provenance d’Arabie saoudite ont atteint 4,5 milliards contre 1 en 2007. Ils ont ainsi quadruplé en l’espace d’une décennie. Idem pour ceux des Emirats Arabes Unis qui sont passés de 1,5 milliard de dirhams fin 2007 à 4,2 milliards. Les envois du Qatar et du Koweit ont franchi pour la première fois la barre du milliard de dirhams à fin 2018.
A ne surtout pas négliger, les transferts en provenance des USA qui enregistrent un taux d’évolution positif de 29% plaçant la destination au 5e rang des pourvoyeurs de devises pour le pays.
Cette nouvelle configuration ne manquera pas d’avoir un impact sur le comportement des établissements bancaires marocains qui s’intéressent à cette cible.
Rachid Kamal