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Tourisme : Un décret élargit la billetterie à de nouvelles catégories de commerçants

Le décret 2.21.80 permettra l’octroi de licences de type B pour les vendeurs de billetterie en ligne. Résultat : les agences de voyage voient arriver des concurrents sérieux sur le segment de la billetterie.

La vente de billets d’avion ne sera désormais plus exclusivement du ressort des agences de voyage. N’importe quelle personne disposant d’un point de vente, sur internet également, pourra disposer d’une licence de type B et vendre des billets.

La mesure est, selon les responsables gouvernementaux, destinée à «réguler les offres de voyage sur internet ». Le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas a expliqué, à l’issue du Conseil de gouvernement au cours duquel le décret a été adopté, qu’il s’agissait « d’accompagner l’évolution des habitudes de réservations de voyage des Marocains ». En clair, le nouveau décret (2.21.80) est venu réglementer une pratique courante mais qui n’était jusqu’à présent encadrée par aucune législation. Des ventes de billets pouvaient se faire sur internet sans que les initiateurs n’en soient autorisés. La nouvelle mesure obligerait donc ces « commerçants » à disposer d’une licence dite de type B (destinée aux entités distributrices du voyage sans obligation d’exclusivité). Autre nouveauté : les licences seront octroyées par les délégations du ministère du tourisme, alors qu’elles ne pouvaient être délivrées jusqu’à présent que par le ministère lui-même. Cette dernière initiative entre dans le cadre de la régionalisation et confèrera donc davantage de pouvoir aux délégations en la matière. Ces dernières seront désormais habilitées à sélectionner les entités pour l’exercice de vente de voyage, sans que celles-ci ne soient des agences de voyages. La réaction des voyagistes est bien entendu critique. «Vous verrez désormais des snacks peut-être vendre des billets d’avion aussi ! », clame un des plus gros voyagistes du pays.

Le doigt est également pointé sur les possibles dérives que la nouvelle mesure pourrait entraîner à savoir des malversations au niveau des délégations du ministère du tourisme dans le cadre de l’octroi de ces licences. « C’est au ministère de tutelle de suivre la bonne marche ». Plus difficile à dire qu’à faire. Comment contrôler l’octroi de licences lorsque celles-ci viennent justement permettre à toute entité commerçante de s’attaquer à la billetterie ?

Une réalité imposée la nouvelle ère du digital ? Probablement, en partie. Reste à mettre en place des garde-fous pour qu’une mesure destinée à assainir et réguler ne devienne pas source de problèmes et d’anarchie.

Ces nouvelles entités n’auront en aucun cas le droit d’organiser des voyages. Autrement dit, seules les agences de voyages peuvent concevoir des voyages et les commercialiser. Internet et la digitalisation du commerce en ligne sont venus bouleverser les habitudes de consommation des voyageurs au cours de ces dernières années. Au Maroc, si l’on exclut de grosses agences qui ont pignon sur rue et disposent des moyens de résister à la forte concurrence exercée sur le digital, les agences vivent grâce au Haj et à la Omra, une activité qui tend elle aussi à baisser au regard des conditions drastiques imposées par les autorités saoudiennes. Une chose est sûre : la nouvelle ère des nouvelles technologies induit des transformations en profondeurs. Le voyage, cette formidable marchandise internationalisée, est l’une des premières à s’y trouver confrontée.

 

A.DAOUD

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