Recalée à 17 ans aux portes d’une école de mécanique parce qu’elle est une femme, elle est aujourd’hui la première à intégrer un service jusqu’ici exclusivement réservé aux hommes. Une saga qui mérite d’être racontée.
Refusée aux portes de l’école de mécanique parce qu’on considère qu’elle “ira se marier avec un cousin et aura 8 enfants”, Touria el Asri se lance alors dans une carrière d’infirmière. Elle travaille au service de maternité plusieurs années de suite mais les coupures budgétaires du secteur hospitalier viennent tout bousculer. Elle perd son emploi.Elle se lance dans le bénévolat. Un collègue trouve qu’elle a « des doigts de fée » et lui conseille d’aller à un centre de formation. “Je suis arrivée en stage en 2016 à Delta au service de maintenance. J’étais la toute première femme.” Très vite, elle trouve sa place parmi les travailleurs. “Les gens qui passaient dans le dépôt étaient étonnés. Ils étaient curieux de voir la première femme de l’atelier.“, raconte Touria El Asri. Rapidement, elle se fait repérer, et se fait engager après son stage au dépôt Jacques Brel. “Il n’y avait jamais eu de femmes non plus.” Elle est la première femme partout où elle passe, le monde de la mécanique étant strictement réservé à la gent masculine. Electromécanicienne, elle entretient pourtant de très bons rapports avec ses collègues. Et mène de front sa vie personnelle avec ses 4 enfants. La lumière dans les yeux, elle déclare “Mes trois filles et mon fils sont très fiers de moi. Pendant la formation, on a dû s’organiser à la maison. C’était un temps plein et on n’avait pas droit aux congés scolaires. Mon mari m’a soutenue et aidée.” Même si ce n’est pas toujours facile de gérer vie privée et professionnelle. Elle ne laisse pas tomber le bénévolat non plus, notamment au Repair Café où tout a commencé. Elle apporte un coup de main en préparant à manger aux sans-papiers. Aujourd’hui, cette battante lance un message à toutes celles qui voudraient relancer dans le même secteur qu’elle “Je suis là, j’y suis arrivée, venez !“. Un beau cri d’encouragement.
Leila Amiri