Culture

Maroc. De quoi avons-nous peur ?

Un ouvrage bouillonnant, émouvant, copieux qui rend explicite les motifs et les griefs qu’il étale aujourd’hui en toute sérénité et sans précautions infinies.

Souhaitons que cet ouvrage marquera une pause propice à la réflexion avant le renouveau que tout un chacun attend sous le boisseau comme une délivrance dans l’inspiration et le subconscient.

 

Adoptant l’idée telle que Abdelhak Najib me l’avait soumise voilà quelques petits mois déjà. Le projet était de prendre à revers l’idée d’un marasme et le cerner. Nous avons pour cela allègrement balayé tous les obstacles et contourné toutes les difficultés pour concevoir un travail rigoureux, homogène, d’une exemplaire probité. Nous n’avons ni nuancé certaines contributions, ni modéré certains propos pouvant paraître agressifs, encore moins majoré le poids de certains textes. Cette partition à plusieurs mains dont les gammes relèvent du témoignage et du manifeste court le danger d’être pointée comme une vulgaire diatribe. Dans un esprit sain, elle ne peut s’apparenter qu’à une longue doléance. Elle parle certes sans vergogne de ce qui étouffe l’esprit de tous les porteurs de feu assoiffés d’harmonie. Sont-ils pour autant impuissants à faire bouger les lignes, à bannir les structures oppressives incarnées par un spectre inconnu qui sait se dérober une fois ses rets posés, celui-là même qui a creusé un abîme innommable d’abus, d’insuffisances, de désordres soigneusement calculés,  de diaboliques impostures et de suprêmes ruses?

Qui peut aujourd’hui encore croire aux promesses, aux grâces qu’on fait miroiter et qui retrouvent à chaque fois leur grincement d’origine ? L’appel du pied n’est là que pour dissiper la méfiance. Il est grand temps qu’on se sorte de cette léthargie qui nous colle et nous pèse comme un lourd poncif. Il y a un besoin vif d’horizons libres, un besoin urgent de se libérer de l’angoisse permanente, de l’inquiétude mordante, car il n’y a plus une once d’acrimonie à mettre dans les gosiers. Certes nous n’avons pas encore vidé la corne d’Amalthée tant est si bien que l’espoir que nous formons, aussi légitime qu’il soit, ne peut attester que de ce qu’il ya de plus profond en nous-mêmes. Cet espoir formulé en un vœu commun entend aplanir à la fois tout ce qui nous a réduits et qui nous a valu bien des fois l’anathème. Il entend niveler afin de retrouver tout ce à quoi le souffle invite à mieux respirer l’air du temps

Les pages de ce collectif dressent face aux censeurs et à leur ridicule monolithisme dont le clinquant est devenu ridicule, insupportable ; un tableau éclectique mettant à l’index ce qui empêche de goûter à la vie au lieu de crouler sous le faix de l’indigence pseudo-intellectuelle, pédante et bariolée dont le fagotage singe la liberté et l’abondance. La tonalité ainsi posée nous engage à porter le fer là où l’on peut ôter des lés de lumière à l’ombre. Le but étant de dégeler les veines; il est posé comme préalable à une prise de conscience qui saura apaiser et suturer les plaies. Les meilleures pages qui nous donnent un exemple tangible, attendent pour être entendues. Le constat en est ainsi déclaré, en attente d’une floculation avenante au foyer des hommes, partageant une même soif d’absolu.

N.B

Maroc. De quoi avons-nous peur ? Ouvrage sous la direction de Noureddine Bousfiha et Abdelhak Najib.  Préface de Faouzi Skalli. Illustrations de Nadia Chellaoui, Casablanca, Orion Editions, 2020, 610 pages.

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