
Si les rapports de confiance entre les personnes peuvent évoluer au fil des années, les liens familiaux restent l’interaction sociale privilégiée par beaucoup, selon l’Institut royal des études stratégiques (IRES). Rendus publics le 11 février 2025, les résultats de la troisième édition de l’enquête nationale sur le lien social montrent en effet que les évolutions sociétales et des systèmes de valeur s’accompagnent d’une perception constante pour la place de la famille.
Autrement dit, «les mutations portées par la mondialisation culturelle et la révolution technologique sont encore loin de bouleverser les attitudes individuelles et l’identité nationale marocaine», bien que les impacts sur le lien social «commencent à se faire sentir plus clairement chez les personnes résidant en milieu urbain, les jeunes générations et les individus à fort capital culturel ou économique».
Dans le cadre du programme d’études «Lien social au Maroc : quel rôle pour l’Etat et l’ensemble des acteurs sociaux ?», cette édition de l’enquête de l’IRES confirme «la stabilité relative du modèle sociétal marocain», exprimée particulièrement «dans le primat du lien familial sur les autres liens sociaux, le poids des traditions et l’attachement aux symboles identitaires de la Nation, le peu d’intérêt des citoyens à la chose politique et aux élections, le matérialisme des demandes sociales et le providentialisme comme rapport à l’Etat». Les cinq types de liens sociaux examinés sont le «lien familial, d’amitié, de voisinage, de travail et politique».
Selon l’étude, ces résultats s’expliquent en partie par la pandémie de la Covid-19 et «les syndromes socio-affectifs qui s’y sont manifestés». Ces derniers ont «influencé les valeurs et les attitudes culturelles», dont «la redécouverte du sens de la famille, de la solidarité nationale, du vivre-ensemble, voire du lien civique avec les institutions et les autorités publiques».
Pour 91% des participants, les proches peuvent assurer un soutien moral et psychologique, tandis que 85% leur reconnaissent leur rôle dans la garde et l’éducation des enfants des autres membres, 83% dans l’aide des tâches ménagères lourdes, 81% dans l’aide à l’emploi et 69% dans le soutien financier à créer une entreprise.
En revanche, la période de la crise sanitaire a exacerbé ou fait émerger certaines «crispations au niveau de la famille nucléaire», caractérisée par les violences conjugales ou à l’égard des enfants, la fréquence du divorce et les impacts sur la santé mentale. A ce titre, les répondants ont été nombreux (54%) à considérer que la crise sanitaire aurait favorisé la tendance en hausse du divorce.
Pour autant, la levée des restrictions sanitaires liées à la pandémie a renforcé les rapports intrafamiliaux, qualifiés de «forts» par 67% des répondants, bien plus que les liens d’amitié (44%), de voisinage (42%), ou encore de travail, considérés comme «moyens» par 42% des participants, ainsi que les rapports politiques, qui restent «faibles» selon 49% des interrogés.
Dans ce sens, l’étude fait savoir que «la famille n’est plus uniquement un refuge pour le renfort moral des individus, mais aussi le siège de la solidarité matérielle entre les membres de la famille». Par ailleurs, elle indique que «parmi les 53% des Marocains qui ont des membres de la famille vivant ou travaillant à l’étranger, près des trois quarts sont en contact avec leurs proches expatriés au moins une fois par mois, ce qui témoigne d’un attachement familial qui ne s’estompe pas avec la distance».
En chiffres, ce constat se confirme par la qualité des relations entre les MRE et leurs proches au pays d’origine, considérée comme «excellente» ou «bonne» par plus des trois quarts (77%). De ce fait, «l’éloignement physique du Maroc et les années d’expatriation» se semblent pas affecter globalement le lien des Marocains du monde avec leur pays d’origine.
Cette enquête a été menée par la «méthode de sondage probabiliste stratifié à quatre degrés», permettant la sélection d’un échantillon représentatif de 6 000 personnes âgées de 18 ans et plus, réparties sur les 12 régions du Maroc. Elle a été effectuée sur le terrain entre décembre 2022 et février 2023.
BledNews