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Entretien avec M’Jid El Guerrab:”Avoir retiré le Maroc de la liste prête à questionnement”

Le député des Français de l'étranger réagit à la décision de l'UE concernant le Maroc.

La décision de l’UE de ne plus considérer le Maroc comme pays sûr est sujette à questionnement. Le député M’Jid El Guerrab a demandé à ce que le Maroc soit à nouveau intégré dans la liste. Ce à quoi l’UE n’a toujours pas rétorqué. Il donne, dans cet entretien à BledNews, les raisons qui apportent des éléments contradictoires à la décision. 

 

. Vous avez demandé le retrait du Maroc de la liste établie par les pays de l’UE. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Ces pays se basent sur des données scientifiques…

. M’Jid El Guerrab : Le fait d’avoir retiré le Maroc des pays exemptés de restrictions de voyage est une décision que l’on peut questionner en effet.

Tout d’abord s’agissant du nombre de décès liés au Covid-19, au Maroc cela s’élève à 516 contrairement à la France où il est de l’ordre de 30.340. Ce qui est 60 fois supérieur. Quant aux autres pays européens, le ratio est également le même, certains pays européens présentent davantage de risques que le Maroc, pourtant les restrictions sont absentes. De plus, le ministre de la Santé marocain, Khalid Ait Taleb, a récemment énuméré tout un ensemble de mesures destinées à endiguer cette dynamique de hausse du nombre de cas. Par exemple, l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire a été prolongée jusqu’au 10 septembre. La situation est bien prise en main par les autorités marocaines et nous devons leur faire confiance. Le Maroc n’est pas un cas isolé, dans cette situation de crise l’Afrique a su démontrer une impressionnante capacité d’adaptation et de réactivité face à la pandémie du fait des expériences passées. Les pouvoirs publics des pays de ma circonscription se sont mobilisés et c’est leur action qui a permis de maintenir le faible taux de décès.

Enfin ces restrictions imposées par l’Union Européenne vont conduire à des situations dramatiques pour certains de nos compatriotes empêchés de rentrer dans leur pays. Elles entraînent par ailleurs des conséquences alarmantes sur l’économie de ces Etats pour lesquels le secteur du tourisme est parfois vital, au premier rang desquels figure le Maroc.

. Cela veut dire que c’est avant tout une question politique ?

 . Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une question uniquement politique. Des critères de santé publique sont avancés et l’évolution de l’épidémie est surveillée dans chaque pays avant de prendre une telle décision.

En l’occurrence, la décision de retirer le Maroc de cette liste a été prise après une recrudescence du nombre de cas.

Ce que je veux dire c’est que cette décision est aussi politique. Elle manque de transparence et nous ne connaissons pas les critères précis qui permettent de dire quel pays peut figurer sur cette liste. Dès lors, les décisions prises peuvent apparaître déconnectées de la réalité du terrain et de la situation de chaque pays. J’ai dans ma circonscription 16 pays du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, seul la Tunisie figure dans la liste alors que le nombre de cas dans ces autres pays est relativement faible et que la situation est bien gérée par les autorités. Pour exemple, on dénombre 238 cas au Sénégal et 105 en Côte d’Ivoire.

 . C’est quoi votre prochain dossier chaud pour les Français du Maroc pour cette rentrée ?

 . De nombreux défis nous attendent pour la rentrée. La crise du coronavirus a montré la nécessité d’accélérer plusieurs chantiers.
Je plaide d’abord pour une réforme de la CFE. Tous les Français en métropole comme à l’étranger doivent pouvoir bénéficier d’une couverture maladie, quels que soient leurs revenus.

Ensuite, la crise a affaibli les ressources de nombreux Français de l’étranger. Ils ne devront pas être oubliés dans le plan de relance du gouvernement.

Dans le même temps, nous devrons réfléchir à l’organisation de l’AEFE afin d’obtenir une gouvernance plus décentralisée et une limitation de l’augmentation des frais de scolarité.

Enfin, l’enjeu écologique doit être au cœur de notre nouvelle relation avec le Maroc. Je plaide pour la création d’une CEMER sur le modèle de la CECA créée en 1952 et qui fut la première grande réalisation du projet européen. La communauté euro-méditerranéenne pour la transition énergétique permettrait la production d’énergie renouvelable dans une organisation Nord-Sud comprenant des pays d’Europe du Sud (France, Espagne, Italie) et du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie). Les pays du Maghreb bénéficient d’une ressource inépuisable, le soleil, dans leur espace saharien. Alors que 700 millions d’Africains n’ont pas accès à l’énergie, c’est une politique de coopération sociale et écologique qui doit être mise en place.

 

Rachid El Aoufir                                                   

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