Economie

Quelles stratégies pour sortir Royal Air Maroc de la crise actuelle ?

Avec la totalité de la flotte clouée au sol sauf pour les vols cargo, Royal Air Maroc est dans une situation financière sans précédent à l'instar de la majorité des compagnies aériennes dans le monde.

L’annonce faite par Emmanuel Macron de prolonger le confinement jusqu’au 11 mai 2020 avec « des frontières fermées jusqu’à nouvel ordre avec les pays non-européens » est tombée comme un couperet. Le sort des compagnies aériennes clouées au sol est une équation inexplicable. Pour exemple, Air France-KLM, Brussels Airlines, British Airways, Emirates et bien d’autres sont toutes à la recherche de solutions financières pour éviter le dépôt de bilan. Royal Air Maroc, dont les avions sont cloués au sol sauf pour les vols cargo, se trouve elle aussi dans la même situation. Quelles stratégies pourraient être envisagés pour sortir la compagnie nationale de la crise actuelle ?

 Il y a quelques semaines, le 11 mars 2020, le Président Directeur Général de RAM, Abdelhamid Addou, interrogé sur une éventuelle intervention de l’État pour sauver les finances de la compagnie, expliquait que «nous travaillons de concert avec les instances de gouvernance et la tutelle, afin de dépasser ensemble cette conjoncture défavorable, et en sortir renforcés ».

Aujourd’hui, la situation est toute autre et la pérennité de la compagnie est compromise.

Il faut dire que depuis 2019, une série d’événements malheureux ont impacté successivement la compagnie. A commencer par l’interdiction de vol, en 2019, du 737 Max qui a été le premier impact douloureux pour la RAM. S’en est suivi le lancement de la ligne Casablanca -Pékin immédiatement stoppé par les débuts de l’épidémie en Chine. L’ouverture de la ligne et les prévisions de développement des flux touristiques et d’affaires entre les deux pays, la Chine étant un énorme marché émetteur de touristes, laissait espérer un important potentiel. Mais c’était compter sans l’épidémie Covid 19.

La propagation du virus en Europe et l’excellente décision du Roi du Maroc de fermer ses frontières très tôt a empiré le cas de la compagnie nationale. Plus aucun avion en circulation, si ce n’est le Cargo.

Le discours de Macron prolongeant le confinement au 11 mai et la décision de garder des frontières européennes fermées jusqu’au nouvel ordre (selon certains médias jusqu’à septembre) n’arrangent en rien. Or, le redémarrage de la compagnie est conditionné par le ciel européen sachant que le hub de Casablanca concentre 50% du trafic de continuation.

A travers le monde, les compagnies aériennes déploient tous les moyens pour traverser la crise actuelle : demandes d’aides aux gouvernements, chômage partiel pour les salariés, restructurations, prêts auprès de l’État, achat d’actions, nationalisations…

Plusieurs envisagent de lancer des plans de restructuration comme c’est le cas du géant Lufthansa : retrait de 42 avions de la flotte, fermeture de la filiale Germanwings et placement de 60% des salariés en activité partielle. Et son patron de déclarer que « Lufthansa ne pourra pas surmonter la crise actuelle sans l’aide de l’État ».

Pour Air France-KLM, la situation est tout aussi critique. Le groupe qui perd 25 millions d’euros par jour, selon le journal français La Tribune en date du 10 avril, ne pourra pas tenir au-delà du mois de juin. Son PDG, Ben Smith déclarait lui aussi que sans l’aide de l’État et la mise en place d’un plan de restructuration, on voit mal comment la compagnie pourra survivre. Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances français, soulignait à ce propos, lors d’une de ses allocutions télévisées, que « toutes les options sont sur la table : à savoir, prêt de l’État à la compagnie et remboursement dès redressement, nationalisation à travers l’achat d’actions, l’État français y gagnerait en dividendes dès le retour à l’équilibre ».

Quid des solutions pour Royal Air Maroc ?

Qu’en est-il pour la compagnie nationale Royal Air Maroc ?

Quid des solutions ? En l’absence totale de recettes, sans visibilité aucune et avec des charges fixes mensuelles lourdes, que décideront le gouvernement et le PDG Abdelhamid Addou pour sauver la compagnie ?

Le problème de la masse salariale va se poser avec acuité. Des discussions sont-elles engagées avec le gouvernement et les partenaires sociaux pour trouver la solution la moins douloureuse et la plus profitable aux deux parties ? Prévoit-on un contrat-programme pour sortir de cette crise ?

Un contrat basé sur le modèle déjà exécuté en 2011 peut-il être envisagé à nouveau ?

Selon les prévisions les plus optimistes,il faudra attendre deux ans au moins pour revenir au même niveau que 2019.

 

Amale DAOUD

Tags
Bouton retour en haut de la page
Fermer
Fermer

Adblock détecté

S'il vous plaît envisager de nous soutenir en désactivant votre bloqueur de publicité