
On le surnomme le « Davos des banlieues ». En un temps record, le Forum Economique des Banlieues s’est imposé comme un rendez-vous qui a du sens. Son objectif? Démontrer que les quartiers prioritaires de la ville (QPV) constituent un formidable gisement de talents, d’énergie et d’opportunités économiques.
Son fondateur, l’entrepreneur et acteur associatif franco-marocain, Aziz Senni, parle de formidable potentiel, une façon de démontrer que ces quartiers (QPV) doivent impérativement changer de statut.
L’an dernier, l’événement avait marqué les esprits : 1 000 participants, plus de 6 000 contacts business, et un milliard d’euros mobilisés, dont 100 millions en commandes publiques et privées et 900 millions en financements, notamment via la Banque publique d’investissement. La première édition du Forum Economique des Banlieues (FEB) était déjà une magnifique réussite. Parrainé à ce moment par Xavier Niel, le FEB est porté par Aziz Senni, président de l’association Quartiers d’Affaires. Ce natif du Maroc, parti très jeune en France avec sa famille, est très connu pour son action militante et son esprit entrepreunarial. Il crée sa première entreprise juste après l’obtention de son premier diplôme. Ses entreprises ont la particularité de servir des causes, elles ont “un sens”, nous dira un de ses collaborateurs. En effet, cette toute première société, Alliance Transport et Accompagnement, est inspirée de l’idée des « taxis brousse ». Société de « taxis collectifs », les courses sont mutualisées pour diminuer le coût de l’utilisateur. Mais elle ne survivra pas à la concurrence des VTC. Peu importe! En 2005, en collaboration avec le journaliste Jean-Marc Pitte, il publie L’ascenseur social est en panne, j’ai pris l’escalier. En huit mois et demi, le livre se vend à 15 000 exemplaires.
Parce que l’entrepreunariat pour lui doit aussi porter une action sociale, il créera le Business Angels des cités (BAC), fonds d’investissement consacré au développement économique des banlieues puis à Dakar “C Mon Taxi”, quelques années plus tard.
En 2013, il est classé 63e leader économique français dans la catégorie des dirigeants de moins de 40 ans. Il recevra de nombreux prix, notamment liés à la bonne gouvernance , tout au long de sa carrière.
Le Forum Economique des Banlieues apparaît pour lui comme un prolongement de son parcours, à la fois dans le monde de l’entreprise. Sa connaissance de l’environnement économique et social des jeunes des banlieues, les difficultés à la création d’entreprise, le fort potentiel des jeunes qui s’y trouvent sont des sujets qui lui parlent.
Pour Aziz Senni, le constat est clair : « Nos banlieues ne sont pas un coût, mais un actif stratégique ». Les 1 609 QPV de France concentrent une population jeune — 50 % des habitants ont moins de 30 ans — alors même que le pays vieillit. Ils abritent aussi 250 000 dirigeants de TPE et PME qui génèrent près de 75 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un potentiel économique, démographique et social encore insuffisamment valorisé. C’est ce pourquoi le Forum qu’il a fondé milite, sa mission du Forum : créer un espace de rencontre entre élites économiques, responsables politiques, institutions publiques et acteurs de terrain afin de passer « du vivre-ensemble au faire-ensemble. Pour Senni, les banlieues doivent sortir de l’image de cités-dortoirs pour devenir de véritables « cités productives ».
Autour de conférences thématiques, d’espaces dédiés aux rencontres business, d’un pôle RH-compétences et d’un quartier innovation consacré à l’intelligence artificielle et à la transition écologique, le Forum est devenu, en l’espace de deux éditions à peine, un lieu privilégié de connexions.
Président d’honneur du FEB, Philippe Bourguignon, ancien dirigeant de grands groupes internationaux, rappelle l’esprit de cette initiative : « Le développement des territoires ne repose pas seulement sur les capitaux, mais sur l’audace, les idées et la confiance entre acteurs. Les forums sont ces lieux rares où les différences deviennent des forces.
Rachid Elaoufir





