Entretien exclusif : Moncef Slaoui dans la confidence
Pour sa toute première sortie médiatique après le succès exceptionnel et historique de la mission Warp Speed confiée par le président des Etats Unis Donald Trump pour trouver un vaccin anti-covid dans des délais records, Moncef Slaoui a accordé à BM Magazine un entretien exclusif.
Moncef Slaoui nous parle de son incroyable aventure au sein de l’Administration Trump, des attaques du camp démocrate, de son retrait et de la riposte qu’il prépare.
Il évoque aussi le Maroc, son pays d’origine et de cœur, sa disponibilité pour aider, sans manquer d’avouer qu’il n’a jamais été officiellement approché au cours de sa mission Warp speed.
BM Magazine : Mr Monsef Slaoui, Avez-vous été sollicité par le Maroc pour un éventuel approvisionnement en Pfizer ou Moderna? Qu’auriez-vous pu faire dans ce cas de figure ?
Moncef Slaoui : Je n’ai jamais été sollicité officiellement. Lors de mon mandat, j’ai été approché par deux ou trois entreprises marocaines d’emballages de vaccins. Pour ce qui est de la fabrication de vaccins anti Covid 19 ou d’approvisionnement du Maroc, je n’ai eu aucune demande de la part d’officiels marocains.
BM Magazine : Que pensez-vous de la stratégie de vaccination marocaine en ce qui concerne le choix des vaccins adoptée par le Comité Scientifique ? Un pays en voie de développement comme le Maroc avait-il d’autres options ?
Moncef Slaoui : Il faut toujours relativiser et contextualiser une situation. Chaque contexte a ses priorités. Dans le cas de figure présent, il me semble que le plus urgent était de choisir la voie qui allait permettre d’accéder aux doses de vaccins le plus vite possible. Le Maroc a pu accéder aux doses de vaccins nécessaires pour protéger toute sa population. J’ai pu constater qu’au mois de février dernier, le Maroc était bien placé en termes de pénétration du vaccin.
BM Magazine : Vous avez déclaré être prêt à aider le Maroc si celui-ci vous en donnait les moyens. Qu’entendez-vous exactement?
Moncef Slaoui : Je suis toujours prêt à aider le Maroc dans la mesure de mes capacités et de ce que je peux apporter au pays. Les domaines dans lesquels je suis expérimenté et performant sont des domaines de très haute technologie, donc de recherche et de développement et d’entreprises nécessitant une technicité très complexe et de très haut niveau. Par exemple, si je devais collaborer dans le domaine du remplissage stérile de vaccins, ma valeur ajoutée ne serait pas importante et n’aurait pas un apport significatif.
Par contre, si l’on me demandait d’aider à former des techniciens de haut niveau qui pourraient fabriquer le vaccin, le produit lui-même, là OUI ! Je serais prêt à le faire !
Cela demande une complexité et une technicité très avancée et c’est quelque chose qui bénéficierait de manière très significative au Maroc. Ce serait par une première étape vers l’acquisition de connaissances et de techniciens qui pourraient ensuite non seulement développer le vaccin mais faire des découvertes dans d’autres pays et conduire à faire de la recherche.
Ce genre de projet m’intéresse !
Ce sont des projets dans lesquels je peux apporter ma contribution et qui pourrait s’étaler sur le moyen et long terme voire une ou deux décennies, en intervenant directement par mon expertise ou en incitant toutes mes relations et mon réseau dans le domaine académique et de centres de recherches à participer au projet.
Je suis totalement disposé à aider si la demande correspond à un domaine où je peux apporter de la valeur ajoutée et où il n’y aurait pas d’interférence politique ou une bureaucratie excessive.
BM Magazine : Vous avez été un fervent militant à l’UNEM. Près de 40 ans sont passés. Quel est votre regard sur le Maroc d’aujourd’hui ?
Moncef Slaoui : Je pense que le Maroc, comme beaucoup de pays qui sont à un niveau moyen de développement, a réalisé des avancées significatives. Il y a des progrès certains (infrastructures…) que l’on peut voir dans les différentes villes comme l’abondance de biens (voitures, services…), Mais je dirai aussi que c’est un pays de contrastes où il y a de la richesse mais qui n’est pas raisonnablement répartie.
Je suis surpris par la présence de nombreux agents d’autorité sur les routes.
Il y a également de grands efforts à faire dans le secteur de la santé publique et de l’éducation. Ce sont des directions dans lesquelles le développement du pays et les investissements du pays doivent s’orienter.
Par rapport au Maroc que j’ai connu il y a 40 ans, il y a des progrès évidents en infrastructures. Mais si l’on considère le doublement de la population, il y a aussi des besoins encore plus grands et plus difficiles à assouvir.
BM Magazine : Votre collaboration avec l’administration américaine s’est terminée très brusquement. Croyez-vous à la théorie du complot ?
Moncef Slaoui: Je ne crois pas au complot. C’est un grand mot. En fait, ça s’est terminé en deux étapes. Une première étape que j’appellerais « mon apprentissage en politique ».
Je pense qu’il y avait une opposition tellement profonde et viscérale à l’administration de Trump de la part des démocrates et d’une bonne partie de la population qu’il était inconcevable pour eux de reconnaître que beaucoup de choses de l’administration Trump avaient été un succès. C’est le cas de l’opération Warp Speed !!
Elle a permis de trouver, en une année à peine, un vaccin pour arrêter un virus qui a stoppé la marche du monde. Il y a à peine un an et un mois on n’aurait jamais pu imaginer ce à quoi nous sommes arrivés aujourd’hui.
L’administration Biden était incapable de reconnaître quelque chose de positif.
Par tous les moyens, les partisans de Biden ont voulu faire croire que tout était mauvais. Il fallait pour cela écarter toutes les personnes qui ont participé à l’opération, les personnes les plus visibles et les plus exposées.
Moi j’étais le leader technique et scientifique de l’opération.
Un général 4 étoiles et leader de la partie opérationnelle n’a jamais été reconnu non plus. Il fallait impérativement effacer des mémoires ce qui avait été fait par l’administration Trump.
Le deuxième aspect est d’ordre personnel. A partir du moment où j’ai accepté cette mission, j’ai été attaqué personnellement par des figures politiques qui m’ont traité de corrompu alors que j’avais accepté de laisser tomber tout ce que je faisais pour essayer de sauver le monde.
En fait, ma mission s’est terminée une semaine après la fin de mon contrat avec l’administration. J’ai été accusé de harcèlement sexuel de façon absolument infondée. Je travaille actuellement avec un grand cabinet d’avocats pour trouver la meilleure manière de répondre à cette accusation.
Cette aventure a été, aussi sur le plan que personnel, extraordinaire mais sa fin décevante.
Mais si je devais le refaire, je ne réfléchirais pas un seul instant. Je le referais !
Le plus important est de mettre mon expertise et mon énergie à la disposition du monde pour essayer de résoudre cette pandémie absolument inédite.
BM Magazine : Au Maroc on est resté sur notre faim. 24 heures après l’annonce de votre départ, vous avez déclaré vous retirer de la vie publique. Est-ce pour mieux rebondir ?
Moncef Slaoui: Oui, absolument. Je voulais d’abord mettre à l’abri ma famille parce que la presse est absolument impitoyable aux Etats-Unis de ce point de vue là. Je me suis retiré de manière à ce que je prépare mieux ma défense. Il faut savoir qu’il n’y a actuellement aucune poursuite judiciaire à mon encontre car il n’y a aucun chef d’accusation. C’est vraiment incroyable !
On est coupable jusqu’à preuve du contraire alors qu’en principe, le bon sens veut que nous soyons innocents jusqu’à preuve du contraire. Je peux vous assurer que je me suis retiré avec l’intention de revenir de manière très forte et très claire.
BM Magazine : Pensez-vous que vos origines arabes et musulmanes aient, à un moment donné, eues une quelconque influence ou impact ?
Moncef Slaoui: Non je ne pense pas.
Je pense que c’est le fait d’avoir challengé l’administration Biden quand ils disaient qu’il n’y avait aucun programme. Je dis ce que je pense.
M’exprimer franchement et librement n’a pas plu à tout le monde. Si vous voyez ce qui a été dit dans la presse aux USA, vous ne trouverez jamais de certitude. Concernant mes accusations, on dit que quelqu’un a dit il y a quelques années, j’ai fait des choses inappropriées. Rien de plus.
Cette attaque est venue à la fin de mon mandat. Si mes origines avaient dérangé, je pense que l’on m’aurait attaqué tout à fait au début de ma mission, on aurait sabordé ma mission au moment où je commençais plutôt qu’à la fin.
BM Magazine : Etes-vous dans le social ou l’humanitaire ?
Moncef Slaoui: Oui évidemment. Et c’est pour cela que j’ai tout laissé tomber pour l’opération Warp speed qui était avant tout de sauver le monde.
J’ai toujours voulu aider les gens. C’est un élément central dans ma vie et ma carrière.
Je serai aussi intéressé par une action sociale et humanitaire dans mon pays d’origine et qui corresponde à mes compétences.
Entretien réalisé par Amine SAAD et Amale DAOUD