Les réactions se multiplient en ces lendemains de vote. En Belgique et en France, les partis de droite ont fait une percée spectaculaire, un scénario toutefois prévisible. Au sein des communautés étrangères, l’atmosphère est plutôt mauvaise et les appréhensions bien grandes.
« Ce n’est pas une réussite, c’est un raz-de-marée » : le constat est unanime et le ton plutôt amer chez une grande majorité d’européens d’origine marocaine ce 10 juin, au lendemain des élections européennes. Que ce soit en France ou en Belgique, les partis d’extrême droite ont pulvérisé tous les records. En Wallonie et à Bruxelles, c’est le Mouvement Réformateur qui triomphe avec 35% des voix. Il devance de loin les socialistes qui obtiennent 20% des voix. C’est aussi dans cette région que vit la plus grosse communauté d’origine marocaine. Ils sont la communauté étrangère la plus importante. La montée des partis de droite ou d’extrême-droite n’est pas sans créer des craintes. « De nombreuses mesures proposées sont bien entendu contre l’immigration et les populations étrangères de façon générale. Il faut s’attendre à vivre des moments difficiles », déclare une militante associative belgo-marocaine. Ces mesures tiennent à la suppression des allocations aux enfants ayant « commis des actes qui nuisent à la société », la volonté d’extrader les prisonniers d’origine étrangère, la volonté ferme d’exclure les sans-papiers, le durcissement des conditions de regroupement, la suppression des allocations chômage au-de-là de deux années …. « Il se trouve que les populations confrontées à ces problèmes sont majoritairement des populations des quartiers défavorisés et précaires et, malheureusement, des quartiers où vivent les communautés d’origine étrangère, les marocains aussi en l’occurrence».
Le constat est le même côté français. Les scores du rassemblement National laissent sans voix. «Dans certaines régions, dans le monde rural, le RN a récolté plus de 55% des voix ! du jamais vu », clame Nadia L., une francomarocaine installée à la campagne depuis plusieurs années. Dans pratiquement toutes les régions, les résultats de vote du RN sont importants. Là aussi, les communautés d’origine maghrébine craignent le pire : racisme, islamophobie plus grande,… Plusieurs appellent à se mobiliser pour les prochaines élections et barrer coûte que coûte la route aux militants de l’extrême-droite.
« Le grand problème des populations issues de communautés étrangères, c’est l’abstentionnisme. Les gens ne vont pas voter. Comment veulent-ils que ls choses bougent en leur faveur ? », explique Fatima, une militante socialiste qui ne cesse « depuis le départ d’appeler au vote ». C’est là, pour elle, une des raisons majeures de la montée du RN. « Les populations qui seront le plus touchées par leurs mesures, s’ils venaient à être au gouvernement, s’abstiennent de voter contre eux. Elles ne votent pour personne ! Résultat des courses : des scores qui explosent partout ».
Si l’heure est à l’appréhension, il faudra néanmoins attendre encore quelques semaines pour que se dessine clairement la caret politique dans ces pays-là.
Leila Amiri
