Alors que les belgo marocains bloqués au Maroc à cause du coronavirus crient à la discrimination de la diplomatie belge quant au choix des personnes rapatriées, le débat sur les binationaux est allé jusqu’à s’inviter au sein de l’hémicycle belge. La Belgique, par la voix de son ministre des affaires étrangères, a renvoyé la balle aux autorités marocaines les rendant responsables de ce blocage. Ce qui semble peu crédible vu les rapatriements qui ont eu déjà été effectués comportant de nombreux binationaux. La polémique sur le comportement du corps diplomatique belge au Maroc enfle.
C’est une polémique d’une importance cruciale qui s’est invitée au parlement belge ces derniers jours, celle de la bi nationalité. Le problème posé par le blocage des belgo marocains au Maroc suite à la fermeture des frontières à cause de la crise sanitaire a posé celui de l’attitude des autorités belges (via leur corps diplomatique) vis-à-vis de leurs ressortissants.
Clairement : les consulats ainsi que l’ambassade belge au Maroc auraient négligé les belgo marocains dans leur sélection de personnes à rapatrier en Belgique suite à la fermeture des frontières et à la mise en place de ponts aériens à cet effet.
La plate-forme des belgo marocains bloqués au Maroc, créée pour sensibiliser les autorités des deux pays à ce problème, parle de « tragédie ».
Un enregistrement audio qui a largement circulé sur les réseaux sociaux ces derniers jours est absolument ahurissant. On y entend un belgo marocain demander assistance au Consul belge au Maroc qui refuse et déclare « nous ne sommes pas tenus de prêter assistance à un belge dans le pays de son autre nationalité ». Et le Consul de poursuivre « la politique constante de l’état belge est de ne pas assister ses ressortissants qui ont une autre nationalité ». Autrement dit, il y a les binationaux et les belges. « Ici vous avez la nationalité marocaine ».
Pour Ahmed Laaouej, Président de la section bruxellois du Parti Socialiste et député fédéral, le contenu de l’enregistrement interpelle beaucoup.
« Il y a en Belgique un sentiment de blessure. Ce blocage lié à la décision de fermer les frontières a mis en exergue le traitement différencié des binationaux.
C’est comme s’il y a deux types de citoyens belges. C’est une véritable discrimination et un sentiment profond d’inégalité, d’abandon.
D’autant plus que nous avions réellement fait de grands pas en matière d’égalité des droits. Cette polémique nous ramène des années en arrière et met de côté le combat qui a été mené depuis plusieurs années pour l’égalité des droits », a-t-il déclaré à Bled.news. Le parlementaire « lance un appel aux autorités marocaines et belges pour trouver une solution pour rendre possible le retour ».
L’attitude du ministre belge des Affaires étrangères, Philippe Goffin, est par contre surprenante. Ce dernier a souligné que « c’est le Maroc qui refuse, malgré ses demandes répétées, que les binationaux bloqués sur son territoire soient rapatriés en Belgique ». Autrement dit pour Goffin, il n’est nullement question de discrimination de la part du corps consulaire belge, encore moins d’animosité du gouvernement belge envers ces ressortissants.
Il réfute la discrimination, l’abandon et affirme clairement que c’est le gouvernement marocain qui refuse le retour des belgo-marocains, sous prétexte qu’ils sont avant tout marocains sur le territoire marocain.Les autorités marocaines seraient seules responsables.
Mais comment expliquer alors que des dizaines de belgo marocains aient déjà été rapatriés auparavant? L’affirmation du ministre des affaires étrangères belges apparaît peu crédible dans ce cas de figure.
Au Maroc, pour le moment, il n’y a eu aucune réaction officielle du ministère des Affaires Etrangères.
Quatre vols charters avaient été programmés pour rapatrier du Maroc 720 Belges depuis Agadir et Marrakech. C’est la compagnie SN Brussels Airlines qui avait effectué ces vols. Pour y accéder, il fallait être inscrit sur le site dédié des Affaires étrangères “travellers-online”. Les voyageurs avaient reçu un SMS de l’ambassade expliquant la procédure à suivre pour réserver leur place sur l’un de ces vols.
Amale DAOUD