Le conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de maintenir son taux directeur à 3%, à l’issue de la tenue, ce mardi, de la deuxième session du Conseil de l’année 2023. La décision a été prise «après trois hausses successives du taux directeur d’un total de 150 points de base», de manière à «marquer une pause dans le cycle de resserrement de la politique monétaire».
Dans un communiqué, Bank Al Maghrib a souligné que lors de ses prochaines réunions, ces mesures tiendront compte de «l’évaluation approfondie et actualisée des effets cumulés des hausses de taux» et des conséquences des mesures gouvernementales de soutien à certaines activités économiques, ainsi que le pouvoir d’achat des ménages.
Par ailleurs, le conseil de BAM a noté qu’après un taux de 6,6% en 2022, l’inflation a continué de s’accélérer pour atteindre un pic de 10,1% en février 2023. Depuis, elle est revenue à 8,2% en mars, à 7,8% en avril puis à 7,1% en mai. Selon les prévisions, cette inflation devrait ressortir à 6,2% en moyenne cette année et à 3,8% en 2024. «La succession de deux années de sécheresse, conjuguée à un environnement externe globalement défavorable, continue de peser sur l’activité économique», explique par ailleurs le conseil de Bank Al-Maghrib.
Avec une production céréalière estimée par le département de l’agriculture à 55,1 millions de quintaux, la croissance de la valeur ajoutée agricole devrait se limiter à 1,6% en 2023 après une contraction de 12,9% un an plus tôt, selon BAM. En 2024, et sous l’hypothèse d’une récolte céréalière, elle devrait atteindre 70 millions de quintaux et croître ainsi de 5,5%. Pour les secteurs non agricoles, la progression de la valeur ajoutée ralentirait de 3% en 2022 à 2,5% en 2023, puis passer à 3,2% en 2024.
Les exportations reculeraient quant à elles de 2,8%, reflétant le repli des ventes de phosphate et dérivés. En 2024, elles devraient s’accroître de 6%, par le fait de la hausse des expéditions du secteur automobile. Pour leur part, les importations diminueraient de 2,2%, en partie sous l’effet de l’allègement de la facture énergétique. Elles afficheraient une augmentation de 2,9% en 2024, vu les prévisions à la hausse des achats de produits finis de consommation et de biens d’équipement. Avec la poursuite de la reprise de l’activité touristique, les recettes voyages devraient progresser de 14,9% à 107,6 MMDH en 2023, puis se stabiliser en 2024.
Quant aux transferts des MRE, leur évolution «reste entourée de fortes incertitudes», selon BAM. Les données les plus récentes laissent présager une dynamique positive à moyen terme, avec des hausses annuelles autour de 3,5% pour atteindre un montant de 114,7 MMDH en 2023 et de 118,7 MMDH en 2024, indique le communiqué. Dans ces conditions, le déficit du compte courant avoisinerait 2,5% du PIB en 2023 et en 2024 après 3,5% en 2022.
En termes d’IDE, les projections montrent des recettes à hauteur de 3,3% du PIB. Au total et vu les financements extérieurs prévisionnels du Trésor, les avoirs officiels de réserve s’établiraient à 361,2 MMDH à fin 2023, puis à 357,9 MMDH à fin 2024, représentant une couverture autour de 5 mois et demi d’importations de biens et services.
Blednews/MAP