
Après Murcie et Madrid, c’est au tour de la Catalogne de faire face à une vive polémique autour du Programme de Langue Arabe et de Culture Marocaine (PLACM), financé par le Maroc pour enseigner l’arabe et la culture marocaine. Les avis sont divergents, entre ceux qui soutiennent cet enseignement et ceux qui estiment qu’il touchent à l’identité culturelle et aux valeurs locales.
Le PLACM, adopté dans plusieurs régions espagnoles, est aujourd’hui au cœur d’une vive polémique politique. Financé par le Maroc et mis en œuvre dans le cadre d’un accord de coopération culturelle signé en 1980, ce programme a pour objectif d’enseigner l’arabe et la culture marocaine aux élèves, en particulier ceux issus de la communauté marocaine présente en Espagne. Bien que l’initiative fasse partie d’un effort de longue date pour promouvoir la diversité culturelle, elle est aujourd’hui critiquée, notamment en Catalogne, après Madrid et Murcie, où des débats politiques et des décisions gouvernementales alimentent la polémique.
Le 30 septembre 2025, le programme d’enseignement de l’arabe sera lancé dans plusieurs écoles, avec des cours gratuits et facultatifs destinés aux élèves des classes de 5e et 6e primaires. Ces cours sont dispensés par des enseignants marocains financés par la Fondation Hassan II, et leur but est de favoriser l’intégration des élèves d’origine marocaine, tout en préservant leur langue et leur culture.
En Catalogne, la polémique a été particulièrement vive. Sílvia Orriols, dirigeante du parti Alianza Catalana, a exprimé ses inquiétudes sur le programme, le qualifiant de menace pour l’identité catalane. Selon elle, il est inadmissible de promouvoir l’arabe dans les écoles publiques catalanes alors que la langue catalane fait face à de réels défis de préservation. Elle a dénoncé le fait que l’enseignement de l’arabe puisse affaiblir la position de la langue catalane, en particulier dans le cadre scolaire. Cette position a été soutenue par plusieurs groupes indépendantistes et activistes de l’extrême droite, qui voient dans ce programme une forme d’imposition culturelle étrangère.
Par ailleurs, d’autres soutiennent que l’enseignement des langues étrangères, comme l’arabe, ne fait que renforcer la diversité culturelle et les opportunités d’intégration des élèves. Des parents et responsables éducatifs ont rappelé que ce programme est facultatif et gratuit, et qu’il ne nuisait en rien à l’enseignement des langues officielles de la région, le catalan et l’espagnol. Pour eux, l’apprentissage de l’arabe représente une richesse culturelle et une opportunité de compréhension mutuelle.
La Communauté de Madrid a annoncé qu’elle mettrait fin à sa participation au programme en 2025, invoquant des «problèmes de gestion» et une «absence de contrôle sur les contenus et les enseignants ». De plus, des préoccupations concernant le financement et la légalité de l’initiative ont été soulevées par certains responsables politiques de droite. Cette décision a été vivement critiquée par ceux qui soutiennent le programme, qui considèrent qu’il s’agit d’une démarche d’inclusion nécessaire dans une société multiculturelle.
La région de Murcie a également suspendu le programme sous la pression de l’extrême droite, en particulier du parti Vox. Ce dernier a imposé une condition pour voter le budget régional : l’arrêt du financement des cours d’arabe. Selon Vox, ce programme incarne une forme d’ »islamisation » de l’éducation publique, une position partagée par certains mouvements nationalistes qui y voient une atteinte à la culture espagnole et catalane.
Cependant, le programme reste soutenu dans d’autres régions espagnoles, où il est vu comme un moyen d’enrichir l’éducation scolaire et de favoriser la compréhension interculturelle. En effet, le ministre espagnol de l’Éducation a rappelé que ce programme s’inscrit dans un cadre légal établi depuis des décennies et qu’il bénéficie d’un soutien significatif en Espagne.
BledNews