Au lendemain du discours de Sa Majesté Mohammed VI dont une grande partie a été consacrée à la réforme des instances dédiées aux Marocains du Monde et à leur indispensable et nécessaire implication dans la marche du Maroc, Salah Eddine El Manouzi, Président de l’association Al Wasl entre les 2 Rives et coordinateur du Forum Attawassol des Marocains du Monde réagit dans cet interview à BledNews. Entretien.
. BledNews: Vous vous êtes félicité des annonces du discours royal du 6 novembre. Que traduisent-elles pour vous?
. Salah Eddine El Manouzi: Un signal fort de la plus haute autorité, S.M le Roi Mohamed VI, permettant de dire qu’enfin on va dépasser la situation de l’immobilisme dans le traitement des questions concernant les Marocains du monde, avec une approche globale, des mécanismes et un calendrier à mettre rapidement en place. A-t-on besoin de rappeler les différentes péripéties pour avancer qu’aujourd’hui on doit face à un problème de confiance ? Par le passé, il y a eu des directives et des orientations royales qu’on a noyé dans les réunions interminables, et en l’absence toujours d’un vrai dialogue avec les premiers concernés, les Marocains du monde.
La singularité du dernier discours royal est qu’il a été perçu par les acteurs de la société civile des marocains du monde comme une réponse concrète à leurs doléances relatives à la bonne gouvernance, aux politiques publiques, mise en œuvre des droits constitutionnels, CCME,….
. Vous parlez de la feuille de route Maroc des Ambitions 2030. Quelques mots sur cette feuille de route et ses principales dispositions?
. Depuis des années, l’association Al Wasl entre les 2 Rives organise au mois d’août et au Maroc, le forum Attawassol, avec des activités culturelles, une cérémonie d’hommage et un temps d’échanges sur une thématique précise. En 2023, le thème du séminaire est le nouveau contrat, en référence aux droits et devoirs des citoyens. Cette année, on a choisi comme slogan et thème du forum attawassol des Marocains du Monde « Maroc Ambitions 2030 ».
L’année 2030 sera une année historique pour le Maroc qui va accueillir la coupe du monde du foot ball. Il est certain que les sportifs Marocains du Monde vont briller par leur présence, avec une forte implication et une bonne participation. Par le séminaire de notre forum attawassol 2024, nous voulions attirer de nouveau l’attention de l’opinion publique sur le fait qu’au-delà de l’exploit sportif et de l’excellence entrepreneuriale et scientifique, il y a le citoyen Marocain de l’Etranger qui a toujours assumé ses devoirs de citoyen Marocain, et qu’il est grand temps pour que l’Etat, les décideurs politiques et la société civile au Maroc actent ses droits de citoyen à part entière. On a insisté sur la société civile au Maroc dans la mesure où on a relevé que la question droits de Marocains du Monde est absente dans leurs plaidoyers et programmes d’action.
Les échanges du séminaire nous ont permis d’élaborer une feuille de route, qu’on a résumé en 11 points : la nécessité de la mise en œuvre des droits constitutionnels des marocains de l’étranger, la promulgation de la nouvelle loi CCME, institutionnalisation du dialogue avec les acteurs de la société civile, création d’un cadre de dialogue et de médiation pour régler les litiges MDM, la consolidation du processus de réconciliation nationale, soutien aux MDM face à la montée des extrêmes, la révision de l’approche de la gestion des questions culturelles et religieuses, mutualisation des bonnes pratiques entre acteurs associatifs, nouvelle stratégie pour la diplomatie parallèle à l’étranger associant les acteurs marocains du monde, adéquation entre mobilisation des compétences et les priorités du développement local
. Quelle pourrait être votre contribution dans ces réformes engagées déjà?
.Nous ne cessons de réclamer un cadre de dialogue pour avancer sur la voie des réformes. Le CCME actuel aurait pu jouer un rôle important dans ce cadre. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Le Forum Attawassol des Marocains du Monde est un espace ouvert qui regroupe des compétences de différents pays, et une expertise confirmée dans l’élaboration des politiques publiques et la gestion d’institutions de bonne gouvernance.
Dans le communiqué du forum attawassol du 7 novembre, nous avons insisté sur l’importance des décisions royales, et exprimé notre mobilisation en tant que force de propositions pour la concrétisation des réformes concernant le CCME, dont les missions ont été rappelés, et la nouvelle fondation Mohammedia des MRE. Quand on refait une relecture de la stratégie nationale de l’immigration et d’asile, le diagnostic, les objectifs stratégiques, les programmes stratégiques et leur déclinaison en 81 actions, le constat est frappant : on a fait perdre au Maroc des années
. Comment qualifieriez-vous l’engagement des MRE, en tant qu’association dédiée? Quels sont les éléments que vous palpez qui vous font dire qu’il existe un réel attachement au Maroc, particulièrement de ces nouvelles générations?
. Justement, les personnes, les groupes d’influence et certains partis portent une grande responsabilité dans les années perdues. Ils ont l’art et la manière pour jouer sur les mots afin de reporter à l’infini la mise en œuvre des décisions royales. Situation compliquée, menace islamiste, manque de maturité des acteurs associatifs, enjeux conjoncturels géostratégiques, autant d’arguments pour faire perdurer l’immobilisme.
Il y a quelques études qui ont été menées pour évaluer et mesurer le degré d’attachement des MRE à leur pays, dont celle du conseil économique et social. De nos jours, on met en avant les records atteints par les transferts d’argent. On peut voir cet attachement autrement par la persévérance des acteurs associatifs à garder le lien. Je me limite à l’exemple de notre association les Deux Rives, qui avec peu de moyens financiers, est à sa 12ème édition de la semaine du Maroc à Amiens et à son 6ème projet de coopération solidaire dans les domaines de l’éducation, l’accès à l’eau potable et la gestion des déchets.
Propos recueillis par Rachid Elaoufir