C’est une des figures féministes les plus connues de Belgique. Hafida Bachir, ex secrétaire politique et ex-présidente de Vie féminine, une des associations belges les plus actives dans le domaine de la lutte contre la précarisation et la marginalisation des femmes, entame un tournant important dans son parcours. Elle intègre le cabinet de Sarah Schiltz, Secrétaire d’État à l’Egalité des genres, à l’Egalité des chances et à la Diversité.
«L’initiative de rejoindre le cabinet de Sarah Schiltz, Secrétaire d’État à l’Egalité des genres, à l’Egalité des chances et à la Diversitéest motivée par des objectifs précis », explique Hafida Bachir. «La compétence transversale de Sarah Schiltz, et sa volonté de travailler main dans la main avec les autres ministres du gouvernement, a pesé dans mon choix de rejoindre son équipe». Elle poursuit «Et si c’était le gouvernement de la dernière chance pour rendre enfin effective la loi de 2007 sur le gendermainstreaming, tant revendiquée par les organisations de femmes? ».
Cette féministe ne cesse d’y croire…beaucoup. C’est aussi cela qui fait sa force, fonde ses espoirs. «Dans un pays où la complexité institutionnelle n’a pas encore dit son dernier mot et où les entités fédérées ont chacune un rôle à jouer en matière de droits des femmes, le niveau fédéral reste une compétence fondamentale pour les droits sociaux et économiques des femmes. C’est un levier essentiel pour lutter contre la pauvreté et les violences à l’égard des femmes », ajoute-t-elle. Hafida Bachir sait de quoi elle parle. Depuis 1988, elle est engagée auprès de Vie Féminine. Cette belgo marocaine arrivée en Belgique avec ses parents, commence à travailler auprès des communautés étrangères, des groupes de femmes issues de l’immigration. Elle se rend très vite compte que ces femmes ne sont qu’une minorité de toute une frange de la population féminine précarisées et victimes de discrimination. La lutte contre la marginalisation par l’éducation et l’autonomie financière devient un combat quotidien. Son parcours à Vie Féminine et sa sensibilité, son humanisme la confrontent aux maux de toute la société : pauvreté, manque de formation, inégalités flagrantes, violences conjugales… Après plus de 30 années passées dans le combat au quotidien auprès de ces femmes, elle entame donc une nouvelle étape, toujours près des femmes. «Je rejoins également ce cabinet avec la conviction profonde que la mise en œuvre de politiques publiques respectueuses des droits des femmes passe obligatoirement par des processus de concertation entre les décideurs et la société civile, et en particulier avec les organisations de femmes », conclut-elle. Hafida Bachir est bien placée pour connaître le langage de ces femmes, leurs attentes et besoins. Elle entame le parcours de l’influence sur les lois et politiques publiques.
Amale DAOUD